Harold Leckat: un journaliste embastillé injustement?

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Harold Leckat, journaliste et directeur de publication de Gabon Media Time, a été arrêté sous des accusations officielles d’escroquerie, de passation illégale de marchés publics et de surfacturation. Pourtant, tout le monde sait que son arrestation s’inscrit dans un contexte où il est une voix critique importante contre le gouvernement et l’exécutif. En effet, Harold Leckat est accusé à tort de détournement de fonds publics, alors qu’en réalité, il s’agit plutôt d’un litige commercial entre une entreprise privée et une institution publique.

Il va sans dire que nous sommes face à une instrumentalisation de la justice pour réduire au silence quelqu’un qui dérange.
Son arrestation est une simple manœuvre politique visant à faire taire une voix dissidente. Il s’agit d’une persécution politico-judiciaire.
On utilise son arrestation comme un message de peur adressé à la population, inhibant la liberté de la presse et induisant l’autocensure. C’est un signal clair envoyé aux médias indépendants.

La nature abusive de cette incarcération est évidente.


Harold Leckat n’avait ni casier judiciaire ni raisons valables d’être arrêté de manière spectaculaire et publique (sur un tarmac d’aéroport).
Les conditions de sa détention avant son transfert à la prison centrale de Libreville, telles que décrites par ses confrères de presse, indiquent qu’il aurait été menotté à une chaise toute la nuit, ce qui constitue une violation des droits fondamentaux, interdites par des instruments internationaux tels que la Charte africaine des droits de l’homme et des peuples, ainsi que les Règles Nelson Mandela pour le traitement des détenus.

Harold Leckat est également victime d’un deux poids deux mesures. Il est emprisonné rapidement et avec des vices de procédure, alors que d’autres, pour des faits graves supposés voire documentés, sont en liberté et n’ont jamais fait l’objet de la moindre interpellation ni enquête.

Il est impossible de ne pas penser à l’abus de pouvoir et au tribalisme d’État, dans un pays où les proches des membres du sérail au sommet de la pyramide ne sont quasiment jamais inquiétés.
On peut s’interroger si Harold Leckat n’est pas victime de son ethnie ou de son canton. Harold Leckat serait-il de la mauvaise ethnie, du mauvais canton ?

Le tribalisme prend de l’ampleur au Gabon. Pourtant, l’histoire de l’Afrique nous enseigne que ce poison est à l’origine des plusieurs maux du continent. Au Rwanda, en Ouganda et actuellement au Soudan, le tribalisme est l’une des causes principales de la destruction des États fragiles africains et de l’échec de la nation.

Un silence qui surprend ?


Peu de leaders d’opinion ont évoqué l’affaire Harold Leckat avec gravité et insistance. Plus surprenant encore, c’est le mutisme de l’ancienne société civile. Il y a également matière à s’interroger sur le silence des leaders religieux, du clergé.
Pourtant, il y a quelques années, pour les mêmes raisons et sous l’exécutif Ali Bongo, on aurait assisté à une communication assourdissante, à des prises de parole musclées et à des rassemblements, aussi bien dans la diaspora qu’au Gabon.
Il est temps que les gens se ressaisissent et demandent la libération sans condition de ce patron de presse.

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