La Mauritanie à l’épreuve d’un référendum atypique.

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Le projet de révision de la constitution en Mauritanie, voulu par le Président Mohamed Ould Abdel Aziz attise les tensions politiques dans le pays.
En effet, contrairement à l’Assemblée Nationale qui avait voté en sa faveur, le Sénat mauritanien lui, s’y était opposé.

Mais que se cache-t-il derrière ce projet qui vise la suppression du Sénat, de la Haute Cour de Justice et du Haut Conseil Islamique ?
A travers cette réforme, le Président Abdelaziz vise en réalité sur le long terme un troisième mandat.
En soumettant ce projet d’abord à l’Assemblée Nationale, il a voulu le rendre crédible aux yeux du peuple mauritanien. Cependant il savait parfaitement que les sénateurs n’ auraient jamais approuvé un projet qui a pour but de les éliminer.
De ce fait, il apparaît beaucoup plus plausible qu’il veuille se débarrasser d’une majorité; sa majorité hostile, qu’ il soupçonne de vouloir entraver sa volonté de briguer un troisième mandat.
Il entend donc se servir du peuple pour anéantir son Sénat et s’offrir ainsi un boulevard vers un énième mandat avec la complicité de la chambre basse du parlement acquise; d’où ce référendum constitutionnel.

S’il est vrai qu’ il semble avoir en face de lui une opposition déterminée à faire échouer son ambition, peut-on croire en la sincérité de ce scrutin, surtout que le fichier électoral qui sera utilisée pour l’ occasion est bien celui qui lui a permis de remporter à plus de 81% des suffrages, des élections controversée contre Biram Abeid en 2014?

Toutefois, ce qui est surprenant avec ce projet, c’est son souhait de vouloir changer le drapeau du pays. Qu’est-ce qui peut expliquer cela?
On pourrait dire que le Général Président envisage inaugurer un nouveau cycle de l’histoire de la Mauritanie; une nouvelle République dont lui Abdelaziz serait le père, l’ artisan, le grand idéologue.

Si le ”oui” l’ emporte, il proposera vraisemblablement avant la fin de son mandat, une nouvelle modification de l’article 28 de la constitution, laquelle stipule que le ”Président de la République est rééligible une seule fois”.

Par ailleurs, en ce qui concerne sa volonté de supprimer l’article 94 relatif au Haut Conseil Islamique, on peut se demander s’il ne cherche pas à instaurer un début de ” fausse laïcisation ” de la Mauritanie, une séparation entre l’État et l’Islam. Il adopterait dans ce cas de figure la posture d’un leader progressiste du monde musulman, ouvert.
Au regard de ce qui précède, on peut conclure que le Président Abdelaziz joue avec le feu, dans un pays marqué par des tensions politiques et communautaires.
Un pays dans lequel l’esclavage reste pratiqué et où les noirs sont encore victimes de discrimination.
Cette volonté de changer la constitution risque de faire du pays une poudrière.

Analyse. Article rédigé le 15 juillet 2017.

Whylton Le Blond Ngouedi Marocko. Université Rome I La Sapienza.

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